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Portrait Patrick Ricard, de "roi du pastis" à "dauphin" des spiritueux

Appelé à être le PDG du deuxième groupe mondial des vins et spiritueux, si l'OPA sur le britannique Allied Domecq réussit, Patrick Ricard, 60 ans le 12 mai prochain, n'était pas promis à un si brillant avenir quand il a débuté sa carrière dans l'entreprise familiale marseillaise.

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Dans l'ombre de son père Paul, le fondateur tout puissant du groupe, il débute, sans diplôme, à 22 ans comme attaché de direction après avoir été quelque temps livreur et représentant dans une société où la promotion interne basée sur les mérites est alors mieux considérée que les parchemins universitaires. Sa chance viendra de la décision de son père de prendre une retraite anticipée --même si celui-ci continuera de peser sur les décisions jusqu'à sa mort en 1997-- et d'écarter son frère aîné Bernard, à qui la succession était normalement promise.

Comme le fit un autre patron autocrate Francis Bouygues qui écarta son fils aîné Nicolas au profit de Martin, un autre non-diplômé. Quatre ans après la fusion fin 1974 avec Pernod, son principal rival dans les alcools anisés, Patrick Ricard accède, à seulement 33 ans, à la tête du groupe après le décès de Jean Hemard, le propriétaire de l'autre groupe marseillais. Modeste, pratiquant mal l'anglais et peu porté sur les mondanités, Patrick Ricard a l'intelligence de bien s'entourer. Il s'appuie ainsi sur Thierry Jacquillat qui va conduire l'expansion et l'internationalisation du groupe avant de le recentrer sur les spiritueux après s'être délesté des boissons sans alcool, dont Orangina, et des vins français pour ne garder que ceux du l'hémisphère sud dont l'Australien Jabob's Creek.

Patrick Ricard franchit également un grand pas fin 2001 en se partageant avec le numéro un mondial des vins et spiritueux, le britannique Diageo, les dépouilles du canadien Seagram, bradé par Vivendi. Deux "pépites", le cognac Martell et le whisky Chivas, tombent ainsi dans son escarcelle. Osant un nouveau coup de poker, cet amateur de chasse et du "petit jaune" qu'il est désormais souvent seul à boire lors des cocktails, se prépare à lancer une offre de rachat d'Allied Domecq qui devrait lui permettre de se mesurer avec Diageo, notamment aux Etats-Unis où le gouvernement lui refuse toujours l'autorisation de vendre son rhum cubain Havana Club.

A l'instar de son père, Patrick Ricard a déjà annoncé qu'il lâcherait les rênes du groupe à 63 ans, pour se consacrer à ses passions, notamment l'art moderne où, conseillé par sa deuxième femme Corinne, il joue les mécènes, notamment pour le futur musée des Arts Premiers cher à Jacques Chirac. Pour sa succession --la génération suivante des Ricard n'étant pas encore en âge ou en situation de postuler immédiatement-- Pierre Pringuet, un ancien conseiller de Michel Rocard et un des deux actuels directeurs généraux délégués, apparaît, aux yeux des observateurs, comme le favori logique.

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